• Encore un peu de patience !

    Encore un peu de patience !

     

    Premiers sourires du printemps

     

    Tandis qu’à leurs œuvres perverses


    Les hommes courent haletants,


    Mars qui rit, malgré les averses,


    Prépare en secret le printemps.

     

     

    Pour les petites pâquerettes

    Sournoisement lorsque tout dort,


    II repasse des collerettes


    Et cisèle des boutons-d’or.

     

     

    Dans le verger et dans la vigne,


    II s’en va, furtif perruquier,


    Avec une houppe de cygne,


    Poudrer à frimas l’amandier.

     

     

    La nature au lit se repose ;


    Lui, descend au jardin désert


    Et lace les boutons de rose


    Dans leur corset de velours vert.

     

     

    Tout en composant des solfèges


    Qu’aux merles il siffle à mi-voix,


    II sème aux prés les perce-neige


    Et les violettes au bois.

     

     

    Sur le cresson de la fontaine


    Où le cerf boit, l’oreille au guet,


    De sa main cachée il égrène


    Les grelots d’argent du muguet.

     

     

    Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,


    II met la fraise au teint vermeil,


    Et te tresse un chapeau de feuilles


    Pour te garantir du soleil.

     

     

    Puis, lorsque sa besogne est faite,


    Et que son règne va finir,


    Au seuil d’avril tournant la tête,


    II dit : « Printemps, tu peux venir ! »

     

     

    Théophile Gauthier (1811-1872)

    « Vanessa Haute Couture de Franie Margot »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :